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Cinéma : Un Road trip pour la survie

www.noocultures.info – « Keteke » est un film comique de 1h38 minutes du Ghanéen Peter Sedufia. Réalisée en 2017, cette fiction fait un recul dans le temps et aborde les thèmes comme l’accouchement dans le monde rural et les défaillances des infrastructures au Ghana des années 80.

Le train se met à siffler, c’est le moment d’embarquer pour une destination inconnue. Ce voyage nous emporte dans une fumée d’émotion où le rire se mêle à la colère et à la tristesse. Il n’y a pas de temps pour s’ennuyer avec « Keteke ». En effet, Peter Sedufia nous plonge dans les années 1980 au Ghana et relate l’histoire de Boi et de son épouse Atswei, qui ratent le seul train qui doit les conduire à Akete, la ville où elle souhaite accoucher. Dès cet instant, on assiste à une course effrénée contre la montre pour le jeune couple dans ce paysage étrange.

Cette fiction va au-delà de l’histoire du couple qui est sur le point d’accueillir leur premier enfant. En fait, elle met au centre du récit le train. Ce moyen de locomotion occupe le rôle principal et le couple le poursuit à en perdre haleine, au péril de leur vie. Et si ce train était une métaphore de la vie ?

Un train pour la vie

Cette œuvre nous révèle que le train est le reflet de la vie. Nous sommes tout le temps à la poursuite du bien-être. Effectivement, Boi et Atswei courent désespérément dans le seul but de saisir le train pour accéder au bonheur. Aussi, le train se déplace-t-il à vive allure sur les rails tout comme le temps qui est insaisissable et nous file entre les doigts dans la vie. Désorienté, ce jeune couple qui attend un enfant, et donc la vie, fait face à des obstacles qui mettent en branle leur objectif. Ces difficultés sont artistiquement exprimées par le réalisateur qui présente ses personnages sous l’emprise de la végétation qui les entoure. En effet, tout au long du film, le couple est englouti par le paysage, si bien que l’objectif de la caméra renvoie l’image de deux figurines surplombées par un décor imposant.

Ce qui fait la force de film, c’est le dialogue et le jeu des personnages. L’on se délecte à écouter les scènes de ménages de ce couple qui se terminent assez rapidement par des rires. Aussi, nous sommes hypnotisés par le rôle particulier que joue la musique. Ici la musique relève du mystique possédant le pouvoir de réconcilier le couple et de ramener à la vie Atswei. En plus, Peter Sedufia dans sa fiction aborde quelques superstitions africaines. Dans certaines cultures africaines, rencontrer un rat en route présage un malheur et il est vivement conseillé de rebrousser chemin. Mais Boi et Atswei n’ont pas pris en compte cela et ont subi les conséquences de leur acte. Bien que cette œuvre soit très attachante, nous relevons quelques défaillances au niveau de l’éclairage. Par exemple dans certaines scènes, les plans d’ensemble et les gros plans sur les visages du couple n’ont pas la même densité de lumière.

« Keteke » qui signifie train en Akan, langue parlée par près de 9 millions de personnes au Ghana et en Côte d’Ivoire, a été sélectionné au FESPACO en 2019. Aussi cette œuvre qui est le premier long métrage du réalisateur a-t-elle reçu dans la même année le prix du jury de la 23e édition du festival Ecrans Noirs de Yaoundé au Cameroun. En outre, depuis le 31 janvier 2020, le film est disponible sur la plate-forme de diffusion Netfllix.

Anaïs KERE (Burkina Faso) ©Tous droits réservés
Article rédigé dans le cadre de l’atelier virtuel de formation en critique cinématographique organisé en prélude à la 27è édition du FESPACO par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC) en collaboration avec le Programme NO’O CULTURES

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