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« Le Jumeau » de Jean Pierre Haga ANDRIAMAMPANDRY (Prix Indianoceanie 2018) : une œuvre remarquable sur l’identité culturelle malgache

www.noocultures.info –  Le Prix Indianocéanie est un concours de textes en français qui se destine aux auteurs des Comores, de La Réunion, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles. En 2018, le prix avait été décerné à titre posthume à Jean Pierre Haga ANDRIAMAMPANDRY, un auteur malgache.

Cet appel à écriture qui n’impose aucun genre littéraire récompense une œuvre encore jamais éditée, inspirée de l’espace géographique, culturel, linguistique commun qu’est la zone Océan Indien. Jean Pierre Haga ANDRIAMAMPANDRY était également poète et auteur-compositeur-interprète de chanson. Il avait également reçu le Prix de l’Océan Indien et Prix du roman pour « L’œil du cyclone » en 2004, le Prix du Concours International Chansons sans frontières en 2007 et 2015 et le Prix spécial du Concours international de poésie francophone de l’Alliance française de Lyon pour La famille en 2006.

L’un des deux jumeaux doit disparaître

Le Jumeau est un roman qui met en avant l’identité culturelle malgache ainsi que des enjeux contemporains propres à La Grande île. Il y est notamment question du problème de feu de brousse, de la menace omniprésente des dahalo ainsi que de la corruption. En ce qui concerne l’histoire, l’auteur a fait d’une tradition propre à la ville de Mananjary, sur la côte Est de l’île, le point culminant de son récit. Dans cette ville, une naissance de jumeaux est considérée comme une malédiction.

En effet, les familles font disparaître l’un de leurs deux enfants pour ne pas être rejeté par la société. Malgré le fait que cette ville se tourne vers la modernité, cette société n’est pas encore parvenue à faire disparaître l’aversion qu’ils manifestent à l’égard des jumeaux. L’auteur nous raconte l’histoire de deux frères ayant grandi loin l’un de l’autre. Il nous fait également découvrir des personnages mystiques, les kalanoro, ainsi que des pratiques et des croyances ancestrales, la connaissance des plantes guérisseuses et la communion avec la nature. Il nous parle d’un monde qui existe au même titre que celui de la ville avec la religion, l’éducation ou encore la médecine moderne. Il nous explique également comment certaines perceptions et traditions sont modifiées avec le temps, comme il est le cas pour le vol de zébu.

Autrefois, cette action avait une toute autre signification pour les malgaches de la région du Sud-est, mais aujourd’hui, il s’agit d’un trafic faisant autant de morts et de blessés qu’une guerre. Jean Pierre Haga nous livre également des aspirations louables telles que la prise de poste des jeunes éduqués dans des villages reculés ou encore la fin de ces altercations entre les forces de l’ordre et les dahalo. Les histoires ne sont jamais aussi bien racontées que par les auteurs qui sont directement touchés par les fléaux.

Contemporain dans le style

Style inattendu, c’est avec des mots contemporains et une manière de raconter qui frôle la légèreté que l’on découvre un peuple malgache définit par des traditions mystiques et des réalités plus ou moins lourdes. Le choix de mot donne un caractère amusant et néanmoins appréciable à cette lecture. C’est une narration appropriée à une jeunesse malgache moderne parfois à mille lieux de connaître son identité.

Si l’histoire racontée dans « Le Jumeau » fait référence à Madagascar, le récit se situe entre le Sud et l’Est de l’île. Il s’agit également d’un condensé de quelques éléments de la culture de Madagascar. L’étendue de l’identité propre aux malgaches peut difficilement être contenue dans un seul roman. L’auteur a néanmoins su inscrire les préceptes anciens que l’ont pourrait qualifier de généraux en ce qui concerne ce peuple. Il s’agit notamment de l’importance donné aux ancêtres.

Ce roman est l’une des toutes dernières œuvres de Jean Pierre Haga. Il est mort quelques temps après avoir posté ce texte à ce concours. Cet auteur n’a pas précisé les différents groupes ethniques de son île, il doit s’agir d’un choix personnel. Toujours est-il qu’il aura été l’un des rares auteurs malgaches à exécuter le portrait de son île par l’écrit. C’est une œuvre essentielle à la définition de la littérature malgache et du peuple malgache.

Par Niry Ravoninahidraibe (Collaboration) ©www.noocultures.info

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