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Tunisie : « Hors-réseaux », la vie nomade vue par Callum Francis Hugh

TUNISIE – « Photographe autodidacte anglais habitant en Tunisie depuis dix ans ». C’est ainsi que se présente Francis Callum Hugh quand il s’agit de parler de lui et de son  travail artistique. C’est cet artiste qui a exposé une série de photographies intitulée « Hors-réseaux », dans le cadre de la  deuxième édition du festival Nawaat. Le vernissage de l’exposition s’est tenu le 16 juin dans les locaux du média Nawaat, organisateur du festival.

Le festival s’organise, pour cette édition, autour du thème de la migration. Un thème vaste qui peut être abordé de diverses façons. Le photographe et artiste, Francis Callum Hugh décide ainsi d’aborder ce thème sous l’angle de la migration nomade dans le sud de la Tunisie, dans le désert du Sahara. « J’ai été inspiré par les personnes que j’ai connues dans le Sud, par leur hospitalité », déclare le photographe lors d’un entretien. Il va ainsi à la rencontre d’une famille de nomades, les Rabiaa, dont le « domicile » est en plein cœur du Sahara. Là, il est témoin, discrètement avec son objectif, d’un quotidien isolé à l’aspect « majestueux ». Les clichés de ce séjour sont exposés dans l’espace Nawaat.

« Ce n’était pas une démarche journalistique. […] Je ne voulais pas faire de reportage» explique-t-il.  Un processus artistique s’oriente vers le côté humain de cette expérience et non vers celui de l’information. Le projet a donc, majoritairement, « un certain but esthétique ». De ce fait, l’objectif principal de l’artiste n’était pas d’informer le public sur le mode de vie de cette famille nomade mais de partager leur quotidien et de faire découvrir leur culture, le plus modestement et respectueusement possible. Un projet où la démarche anthropologique n’est pas négligeable. En effet, le photographe s’est documenté sur la culture et les coutumes nomades pour pouvoir approcher et intégrer la famille Rabiaa afin de mener à bien son projet artistique.

L’exemple le plus parlant de cette approche respectueuse sont les photographies de la mère de famille et ses enfants. Francis Callum Hugh explique que, dans la culture nomade, les hommes étrangers à la famille ne sont pas autorisés à approcher les femmes de la famille. Ainsi, pour pouvoir capturer ces moments, il a dû demander la permission, en amont, au mari en signe de respect pour leur culture et leurs coutumes. Il explique aussi que le temps accordé pour pouvoir avoir ces clichés ne représentait qu’une très infime partie du séjour global : « J’ai eu quinze minutes seul avec les femmes durant tout le séjour».

Hormis photographier les femmes, aspect le plus compliqué au vue de la culture des nomades, le photographe a également dû gagner la confiance des hommes de la famille pour pouvoir vivre avec eux durant ses séjours. « Tu dois gagner le respect des gens pour les photographier », dit-il. Un aspect difficile pour plusieurs avant lui car, en effet, les nomades, de par leurs habitudes, n’accordent pas leur confiance aux étrangers, quelle que soit leur nationalité. De ce fait, toute personne n’étant pas nomade et membre de la famille ne se voit que rarement accueillie au sein de la famille. Un respect qui transparaît à travers la confiance accordée au photographe.  Mais pour lui, la tâche a été plus facile avec l’hospitalité surprenante des Rabiaa : « C’est époustouflant comment ils m’ont accueilli ».

Une hospitalité étonnante de la part de cette famille nomade, reculée de toute civilisation, vivant une vie « hors-réseaux », loin de toute forme de technologie.

Argentique

Malgré des séjours dans l’ensemble sans grande difficulté apparente, Francis Callum Hugh en a rencontré quelques-unes. De par le fait que l’endroit où vivent les Rabiaa, lieu assez reculé, il y subsiste des problèmes techniques. « On a failli faire un accident ! » confie le photographe, riant en se rappelant ses péripéties. Des périples ainsi vécus pour arriver sains et saufs au campement de la famille nomade mais rien de grave, heureusement pour le photographe.

Des problèmes techniques ont également été rencontrés par l’artiste lors de ces séjours, des problèmes concernant son outil de travail : l’appareil photo. Francis Callum Hugh déclare que le projet devait, à l’origine, inclure des photographies à l’argentique pour donner un effet nostalgique et « hors du temps » à l’exposition : « Quand j’ai écrit le projet, je voulais inclure des photos à l’argentique. » Cependant, aucune photographie faite à l’argentique n’a été incluse, au final, à l’exposition. La raison est très simple, comme l’explique le photographe : « J’ai cassé deux caméras argentiques. ». Aucun élément du projet photographique n’a pu être capturé à l’argentique, chose à laquelle le photographe remédie en exposant ses clichés de façon intemporelle, « hors cadre » ou autre décoration. Un moyen pour l’artiste de garder l’effet « hors du temps » désiré.

Cependant, la plus grande difficulté a été l’incertitude de la réalisation de ce projet : le risque de partir à la rencontre de cette famille, le risque de les photographier, le risque de ne pas savoir ce qui l’attend par la suite. Il explique : « Quand j’ai écrit le projet, c’était un risque ; je ne savais pas ce que j’allais trouver ». Une expérience d’échange entre les Rabiaa et le photographe qui a permis à l’artiste de « goûter » un peu à cette vie loin de tout, déconnectée des réseaux, et à la famille de se « connecter » à la civilisation à travers leurs échanges avec Francis Callum Hugh.

Meriem CHOUKAIR, Stagiaire ©www.noocultures.info

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